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Comment faire en sorte que la stratégie RSE d'un groupe se transforme en actions concrètes localement ? Quels sont les acteurs à mobiliser quand on met en place une action RSE ? Quels sont les impacts d’une dynamique RSE sur le quotidien des collaborateurs ?
Pour vous offrir un point de vue terrain sur ces questions, Lakaa a eu le plaisir de s’entretenir avec Philippe MAILLE, directeur du centre commercial Carrefour Bourges et ambassadeur RSE.
Il nous détaille comment il anime les différentes parties prenantes qui interviennent sur le centre commercial Carrefour Bourges pour faire vivre à l’échelle locale la stratégie RSE du groupe Carmila.
Pouvez-vous vous présenter et présenter votre rôle au sein du centre commercial Carrefour Bourges ?
Je suis Philippe Maille, j'ai 40 ans. J'ai commencé mon parcours professionnel chez Auchan en tant que chef de rayon, puis j’ai été chef de secteur chez Leroy Merlin et ensuite directeur de magasin chez Darty pendant plusieurs années. Depuis deux ans, je suis directeur de centres commerciaux chez Carmila. Je gère les centres commerciaux Carrefour de Bourges et Châteauroux. J’ai un métier multi-casquettes, je suis garant de la qualité du parcours clients, je suis le contact de référence de nos commerçants mais aussi l’interface de tous les métiers transverses chez Carmila pour veiller à la bonne mise en place de la stratégie du Groupe et également de la stratégie RSE.
Pouvez-vous nous détailler quelques actions que vous avez mises en place ?
A titre personnel, je suis quelqu’un de très engagé, j’ai à cœur de faire en sorte que cela se reflète dans mon travail, j’essaie donc de faire un maximum d’actions. Je me sens utile comme ça, donc c'est important pour moi.
Cette année, j'ai lancé un forum “Carrefour de l'entrepreneuriat” sur une journée. Le but était de montrer que l’entrepreneuriat ce n’est pas réservé aux habitants de la région parisienne, mais ça se passe aussi en province ! C’était important de montrer que Bourges est une ville qui bouge, où il y a des jeunes et des moins jeunes qui prennent leur courage à deux mains et qui lancent leur entreprise.
J'ai donc sollicité plusieurs acteurs : Solen Angels (une pépinière de talents), l’Ecole Supérieure de l'Entrepreneuriat et la BGE de Bourges (organismes de formation spécialisés en création d'entreprise), pour avoir des témoignages d'entrepreneurs qui avaient réussi à Bourges.
Cerise sur le gâteau, les entrepreneurs ont pu vendre leurs produits ! Il y avait par exemple un apiculteur qui venait vendre son miel, et une jeune femme qui vendait du cold brew, du café froid artisanal. Succès garanti !
En prime, nous avons organisé un concours de pitch. Cinq téméraires sont venus tenter leur chance ! C’était tellement sympa que je pense qu'on va institutionnaliser l'événement et le reproduire chaque année.
J'ai aussi fait un forum de l'emploi début septembre. On avait entre dix et quinze stands, avec plusieurs institutions présentes : les deux hôpitaux publics de Bourges (l'hôpital Jacques Cœur et l'hôpital George Sand), la gendarmerie nationale, l'armée, France Travail bien sûr, et deux boîtes d'intérim (Manpower et Start people).
Il y avait également la Mission Locale pour mettre en avant l’alternance, et l’association Entraide Berruyère qui propose de la réinsertion dans les domaines de la cuisine, de l’aide à la personne et du maraîchage. On leur laisse d’ailleurs le droit d’utiliser gracieusement une parcelle derrière notre centre commercial pour leur maraîchage. Cela leur permet de former de nouvelles personnes à cette activité.
Ce forum était vraiment réussi ! Les deux agences d'intérim étaient ravies et m’ont dit : “Mais c'est incroyable, on a eu plus de CV que dans un forum traditionnel !”. Et en effet dans un centre commercial, on touche des gens qui habituellement n'osent pas pousser la porte d’un forum. Ça permet de lever quelques freins psychologiques..
On a aussi mis en place une animation pour la semaine du tri des déchets en novembre, qu’on va reconduire cette année. Pour cet évènement, je fais venir l'agglomération de Bourges qui vient expliquer aux visiteurs comment trier, comment réduire ses déchets... Parce qu’il y a plein de solutions qui sont mises en place, que ce soit dans des hypermarchés ou dans les commerces. On a de plus en plus de possibilités d’acheter en vrac, par exemple.
En plus de l’animation, nous organisons une Fresque du Climat. J'aimerais y convier les commerçants du centre parce que ça permet à tout un chacun de comprendre un peu quels sont les impacts de l'Homme, et de réduire le scepticisme qu'on peut avoir sur le dérèglement climatique. Je pense qu'une fois qu'on a fait cet exercice, on ne peut plus se dire “balivernes”, “le dérèglement climatique n'existe pas” ou “c'est un cycle normal de la Terre”. En faisant ça, on voit vraiment l'impact qu'on a et comment le réduire. L'année dernière, une cinquantaine de personnes avaient pris le temps de s'arrêter.
Cette année, on a également fait une collecte de vêtements et une vente de fripes avec Entraide Berruyère. En échange de cartes cadeaux, les clients sont venus déposer 373 kg de vêtements en 2 jours, grâce à notre communication sur les réseaux sociaux. C’était assez impressionnant. Ces vêtements étaient ensuite revendus et les bénéfices ont été utilisés pour aider les plus démunis. Les bénévoles de l'association étaient ravis.
Comment trouvez-vous l’inspiration à l’origine de vos initiatives ?
Alors je m'aide beaucoup de Lakaa en fait ! C'est tout bête, mais je regarde un peu les actions qu’il est possible de réaliser et ensuite je vois pour l’adapter dans mon centre. Pour le Carrefour de l'entrepreneuriat, je me suis dit que ce serait sympa de le faire.
Autrement, je m’inspire de l'actualité. Par exemple, là pour Octobre rose, l'actualité m’a motivé à contacter des associations et leur proposer de venir dans le centre pour récolter des dons.
Quelles sont les actions dont vous êtes particulièrement fier ?
Là il y a une belle action qu'on a faite il y a dix jours, c'était un dépistage du diabète. Entre 400 et 500 personnes sont venues se faire tester gratuitement, ce n’est pas anodin.
Et je suis fier de toutes les actions, en fait. C'est comme ça qu'on montre que le centre est engagé.
Un directeur de centre commercial doit incarner son centre. Et moi, c'est la manière dont j'ai envie de l'incarner : un directeur engagé pour un centre engagé.
- Philippe MAILLE, Directeur de centres commerciaux chez Carmila
Il y a évidemment le chiffre d'affaires, les animations, la satisfaction clients... Ce sont bien sûr des choses très importantes, mais le rôle qu'on peut jouer au service de notre planète, des communautés, de l'environnement, me tient particulièrement à cœur.
Quel est l’impact de ces actions sur vous et vos collaborateurs ?
Ça a un impact positif, parce qu’il se passe toujours quelque chose, ça crée une animation permanente et donc du flux, de la curiosité, des discussions...
Que ce soit le personnel de l’hypermarché ou que ce soit les commerçants, tout le monde me fait des retours positifs. Souvent on me dit ”C'était chouette !”, “Ah c'était sympa !". Donc forcément ça m'encourage à continuer, c'est sûr. Ça demande du travail, ça demande de l'organisation et ça demande de l'énergie, mais le jeu en vaut la chandelle.
Quel est l’impact sur votre relation avec vos client.e.s et parties prenantes ?
Il y a forcément un impact sur les clients, positif ou négatif d'ailleurs. Par exemple, pour des collectes alimentaires, il y a des gens qui disent “Oh non, j'en ai marre”, ”J'ai pas envie de donner”. Il faut aussi le comprendre. Mais globalement, les gens ont quand même le sourire, même quand ils disent “non”.
Pour les parties prenantes, ça ne peut avoir que des impacts positifs. Montrer qu'un centre commercial - contrairement aux idées reçues - ce n’est pas juste un lieu ou l’on achète. Ça permet d'être un pôle d'attractivité dans une agglomération.
Qu'est-ce que vous vous diriez à un autre centre Carmila qui hésite encore à se lancer dans la mise en place d'actions RSE ?
Je dirais, écoute, qu'est-ce qui te freine ? Est-ce que tu veux que je te montre vite fait comment fonctionne la plateforme Lakaa ? Parce que franchement c'est l'un des outils les plus intuitifs qu'on ait. J'essaierais d’identifier ses freins et de le motiver à l’inverse en lui prouvant que c’est plus un plaisir qu’une contrainte !
Quels sont les prochains projets RSE du centre ?
Mercredi prochain, j’organise un forum des métiers de la sécurité intérieure avec la gendarmerie et la police. Je vais avoir des actions aussi au profit d’Octobre rose avec le Lions Club, on va faire une vente de café. Et j'essaie de faire venir une association pour aller plus loin dans la prévention du cancer du sein.
Pour le mois sans tabac, j'ai deux ou trois associations qui vont venir. Il y aura aussi le service addictologie de l'hôpital George Sand qui sera présent pour sensibiliser et aider les gens à arrêter de fumer avec des tests de monoxyde de carbone recraché.
Ensuite, je vais avoir les collectes nationales de la Banque alimentaire comme dans tous les centres Carmila. Et après, je prévois à nouveau une vente de fripes, décidée la semaine dernière avec l'Entraide Berruyère.
Quels sont vos objectifs et défis pour les années à venir ?
Comme il y a un classement Lakaa, mon objectif, c'est d'être premier ! Donc ça, ce sera pour cette année.
Pour les années à venir, c'est continuer à innover et de faire venir un maximum d'associations dans le centre. Et proposer des actions, mais qui servent à tous : qui servent aux clients, qui servent à l'association, qui servent au centre. Des opérations qui soient win-win pour toutes les parties prenantes.